Jeudi 8 novembre : Arpentage du Champignon de la fin du monde
Le champignon de la fin du monde -Sur les possibilités de vivre dans les ruines du capitalisme, d’Anna Lowenhaupt Tsing
Ce n’est pas seulement dans les pays ravagés par la guerre qu’il faut apprendre à vivre dans les ruines. Car les ruines se rapprochent et nous enserrent de toute part, des sites industriels aux paysages naturels dévastés. Mais l’erreur serait de croire que l’on se contente d’y survivre.
Dans les ruines prolifèrent en effet de nouveaux mondes qu’Anna Tsing a choisi d’explorer en suivant l’odyssée étonnante d’un mystérieux champignon qui ne pousse que dans les forêts détruites.
Suivre les matsutakes, c’est s’intéresser aux cueilleurs de l’Oregon, ces travailleurs précaires, vétérans des guerres américaines, immigrés sans papiers, qui vendent chaque soir les champignons ramassés le jour et qui termineront comme des produits de luxe sur les étals des épiceries fines japonaises. Chemin faisant, on comprend pourquoi la « précarité » n’est pas seulement un terme décrivant la condition des cueilleurs sans emploi stable mais un concept pour penser le monde qui nous est imposé.
Suivre les matsutakes, c’est apporter un éclairage nouveau sur la manière dont le capitalisme s’est inventé comme mode d’exploitation et dont il ravage aujourd’hui la planète.
Suivre les matsutakes, c’est aussi une nouvelle manière de faire de la biologie : les champignons sont une espèce très particulière qui bouscule les fondements des sciences du vivant.
Les matsutakes ne sont donc pas un prétexte ou une métaphore, ils sont le support surprenant d’une leçon d’optimisme dans un monde désespérant.
Une fois par mois, Michèle Firk part en arpentage. Qu’est-ce qu’un arpentage ? Issu de la culture ouvrière et de l’éducation populaire, l’arpentage est une méthode de lecture collective : un livre est divisé en chapitres et partagé entre les participant·es à l’atelier ; après lecture de sa partie, chaque lecteur·e fait le compte-rendu de ce qu’iel a lu. Au final, une manière différente de parler des livres, de les faire parler, et autant de livres que de lecteur·es. L’arpentage, comme un cadavre exquis de lectures.
Afin d’initier des arpentages réguliers en lien avec les livres, les corps et les idées qui circulent dans la librairie et plus largement à la Parole errante, Michelle Firk arpentera une fois par mois jusqu’à la fin de l’année un livre qui anticipe des futurs possibles dans les ruines du capitalisme.
Après le roman de SF politique Bâtir aussi et l’essai postapo Le champignon de la fin du monde, Michel Firk proposera l’arpentage du roman d’anticipation Les Dépossédés, d’Ursula Le Guin le jeudi 13 décembre