Michèle Film #1 – Spectres des villes, spectres des champ
La présence du mort est imaginaire mais son absence est bien réelle ;
elle est désormais sa manière d’apparaître.
Weil, La Pesanteur et la grâce, 1947
J’appelle spectre un mort dont nous n’avons pas encore fait le deuil, qui nous hante à tel point que nous ne pouvons nous-mêmes continuer à “sortir des limbes”, de cet état où nous sommes aspirés vers le souvenir destructeur, parce qu’obsédant, des disparus.
Meillassoux, Immanence d’outre-tombe, 2009
Il y a toujours quelque chose qu’un homme doit faire à temps. Pour le fantôme du cerf, il n’y a de temps.
Burroughs, L’ombre d’une chance, 1991
Le café-librairie Michèle Firk est très heureux de vous inviter à la Parole Errante pour la première séance de l’année de son ciné-club, Michèle Film. Rendez-vous le 25 janvier à 20h au 9 rue François Debergue, Montreuil.
Michèle Film saison 2 : Cycle Spectres de nos vies
Partant du constat que toute la vie des sociétés dans lesquelles règnent les conditions modernes de production s’annonce comme une immense accumulation de spectres, nous allons nous attacher à explorer les manières dont le cinéma a traité la question de la hantise et capturé les diverses figures de fantômes qui peuplent nos mondes.
Séance n°1 du 25 janvier 2023 : Spectres des villes, spectres des champs
Dans nos systèmes de représentations, deux figures incarnent parfaitement l’idée de l’inhumain : le spectre et la bête. Le premier en ce qu’il se trouve être très exactement le plus-humain : ce qui posséda une qualité désormais à jamais perdue, une perte qui se meut. La seconde car elle entretient un rapport complexe à l’humain qui se retrouve en relation avec elle, fait tout à la fois de proximité et de distance. A leur intersection se trouve une troisième figure, celle de la bête spectrale, qui ne peut se réduire à la simple somme des caractéristiques précédemment évoquée, mais doit être comprise comme un cas à part.
La fonction première du spectre non-humain n’est pas de dénoter une perte intime (même s’il existe bien sûr des récits de hantises d’animaux domestiques), mais civilisationnelle : le fantôme de l’animal a pour sujet l’extinction des espèces et de la disparation des mondes.
Pour cette première séance, nous dialoguerons avec des bêtes spectrales : certaines nous raconteront ce qui grouille sous le béton de la métropole ; d’autres nous parleront de dépossessions d’un certain type de rapport au non-humain dans les ruralités. Toutes feront une critique de la séparation.
Programme
A priori sauvage (2018, 24mn), de Romain André
Long-métrage surprise
Discussion et apéritif