Nous ne sommes pas un « Projet »

Communiqué à propos de l’appel à projets lancé le 8 juillet 2016 par le conseil départemental de Seine-St-Denis concernant les locaux de la Parole errante.

Le Conseil départemental, propriétaire des lieux, vient de lancer un appel à projets relatif au devenir de la Parole errante. On peut parler d’un léger déplacement de la situation. Les Rencontres Chorégraphiques de Seine-Saint-Denis n’ont plus vocation à être les usagers exclusifs du lieu. Les « candidats » devront faire une place à deux festivals, Ta Parole et Les Rencontres Chorégraphiques de Seine-Saint-Denis et à deux usagers permanents, le Café-librairie Michèle Firk et les Pépinières d’artistes européens.

Par ailleurs, cet appel à projets reprend en des termes très généraux certains aspects de notre philosophie du lieu. Mais si cet appel à projets peut être vu comme une ouverture, il permet aussi la reprise du lieu par n’importe quelle structure ou personne désignée comme « vainqueur ». Quelle continuité alors avec l’actuelle réalité de La Parole errante ? Quel projet venu d’ailleurs saurait en prendre soin sans y avoir jamais mis les pieds autrement que pour une simple « visite obligatoire du site » ?

Au processus transparent et démocratique engagé par le collectif la Parole Errante Demain, le Conseil Départemental oppose un appel à projets concurrentiel dont l’issue reste à sa discrétion. Si cet appel à projets est l’occasion pour le Conseil départemental de reconnaître enfin le processus initié par le collectif La Parole Errante Demain, tant mieux. Le document envoyé il y a un an au Conseil départemental, intitulé Une fabrique du commun, est lisible par tous. Il est l’objet d’une élaboration continue et le Conseil départemental le recevra de nouveau à la date requise.

Mais la Parole Errante Demain n’est pas un simple « projet ». C’est une histoire, des usages, des besoins, un tissu social. C’est le croisement d’une multiplicité de réseaux, d’usagers, de centaines de personnes engagées dans la poursuite de cette aventure. C’est un ancrage. C’est un processus vivant. Il ne s’évanouira pas suite à une simple décision institutionnelle.

C’est pourquoi nous invitons ceux qui souhaiteraient répondre et se porter « candidats » à cet appel à plutôt nous rejoindre et à renforcer cette bataille pour le lieu. À la concurrence de tous contre tous, nous préférons la composition des mondes. C’est le sens de l’appel que nous avons lancé début mai en vue de la programmation de la saison 2016-2017 et auquel de nombreux collectifs ont déjà répondu. C’est le sens des deux nouvelles journées d’ateliers ouverts et publics auxquelles nous appelons les 17 et 18 septembre à la Parole errante, qui seront consacrées à la mise en œuvre et à l’approfondissement de cette programmation.

De toutes parts disons au Conseil départemental qu’il n’a d’autre choix que de reconnaître le processus de réinvention du lieu qui a déjà commencé. Construisons au plus grand nombre une réalité si forte que ce lieu ne puisse pas disparaître !

 

Publié le 1 novembre 2016 dans Fabrique du commun