Programme mars-juin 2018
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ZAD PARTOUT !
(NOUVELLES DU 19 AVRIL 2018)
Ces derniers jours, nombre d’entre nous sommes partis sur les routes, vers d’autres villes, d’autres lieux. Dans les rues, dans les amphis occupés, ou dans la boue du bocage à Notre Dame-des-Landes, armés des mêmes raisons que celles qui nous poussent à construire et à continuer quelque chose ici…
Le discours qui accompagne depuis 11 jours les opérations militaires de destruction et d’expulsion à Notre-Dame-Des-Landes est on ne peut plus clair : toutes les expériences collectives où se cherchent et s’inventent d’autres formes d’organisation de la vie sont purement et simplement des « zones à détruire ». L’« aménagement » du territoire qui cherche à s’imposer à coups de grenades et de blindés, c’est aussi celui de nos existences, qu’on entend réduire définitivement aux seules prétendues lois du calcul et de la concurrence de chacun contre tous. D’où ce mantra gouvernemental, cette injonction à « l’individualisation » des parcours et des projets qui se formule partout : de la Zad aux lycées et aux universités, des lieux de travail (secteur privé et public confondus) aux Pôle emploi.
Mais il se pourrait que, face à une telle offensive simultanée (contre les lycéens, les cheminots, les étudiants, les soignants, mais aussi les migrants, les chômeurs…), le slogan déjà ancien de « ZAD partout ! » prenne un sens nouveau et concret, moins symbolique, y compris pour tous ceux qui vivent en ville. S’il s’agit dès aujourd’hui de participer et de contribuer aux mouvements de grève et d’occupation qui s’étendent, il faut plus que jamais le faire depuis les lieux et les expériences d’auto-organisation, les luttes et les espaces de solidarité existants. Il faut creuser encore et encore, consolider tout ce qui cherche à s’arracher aux espaces normalisés comme aux temporalités imposées par l’économie et la gestion. Et établir des relais et des circulations.
C’est déjà en partie un des usages ou une des fonctions de ce lieu qu’est la Parole errante. C’est ce que nous continuerons plus que jamais à défendre et à faire dans les semaines et les mois qui viennent.
NOUS AVONS BESOIN DE MONDES POUR HABITER LES LIEUX
(MAIS PAS DU MONDE DE MACRON)
NOUS AVONS BESOIN DE LIEUX POUR HABITER LE MONDE
Au départ, il y a un lieu hors-norme, la Parole Errante, à Montreuil, à la croisée de deux histoires. Celle du travail d’Armand Gatti et de son équipe, entrelacée à celle d’innombrables initiatives, rencontres et créations accueillies depuis plus de dix ans. Au-delà de tout critère de rentabilité ou de reconnaissance, tout comme des frontières admises de«l’art»,du«social»ou de la « politique ». À l’été 2016, le bail liant l’usage du lieu à son propriétaire, le Conseil Départemental, arrive à échéance. Face aux menaces de fermeture ou de normalisation, un collectif d’usager.es se constitue pour défendre les suites possibles de la Parole Errante.
Contre toute idée de « projet » ou de « programmation » extérieure à l’histoire du lieu, un processus de réflexion et de réinvention est entamé. Il consiste à comprendre collectivement ce qui a poussé là – les besoins, les usages – entre assemblées, réunions, concerts, spectacles, discussions, ateliers, répétitions, repas, projections, fêtes, festivals… Et tenter de mettre des mots sur ce territoire en friche : solidarité, commun, soin, fabrique, rencontre, partage, lutte, accueil, hospitalité… Mots-balises qui désignent moins des pratiques ou des activités définies qu’une manière de tenir ensemble des façons d’être et d’agir, de fabriquer et de s’assembler. Nous travaillons d’abord et avant tout à la fabrication d’un lieu.
Depuis deux années, le collectif la Parole Errante Demain expose publiquement les enjeux liés à l’existence d’un tel espace en banlieue parisienne et organise la poursuite de l’expérimentation en cours. A côté d’activités qui se sont pérennisées ou renforcées (le Café-Librairie Michèle Firk, le Centre de ressources documentaires), de nouvelles réalités ont émergé (un Centre Social Autogéré, une Maison des Éditions et des Revues, un pôle « cinéma » animé par les collectifs Synaps et Cinéma voyageur). Une grande partie de la programmation de la Grande salle est désormais prise en charge par un nombre croissant d’usager.es, essayant de répondre à des besoins qui ne sauraient s’exprimer dans un cadre strictement marchand ou institutionnel : rendre visible le travail de collectifs de lutte et de solidarité ; aider à leur auto-financement à travers des soirées de soutien ; accueillir pour des temps de résidence des compagnies (de théâtre, de danse, de musique) à l’économie précaire ; rendre le lieu accessible au plus grand nombre en privilégiant les événements gratuits et à prix libre ; ouvrir l’espace à des expériences collectives qui ne rentrent pas dans les « cases » ou les « critères » du monde comme il va.