Jeudi 16 janvier à 19:30: FANTASMÂLGORIES
En compagnie de son traducteur, Christophe Lucchese, nous nous glisserons dans la pensée intuitivo-inductive de Klaus Theweleit , théoricien colle-tout des désirs à la mode fasciste et de la masculinité toxique
La publication des deux tomes de Männerphantasien, en 1977 (Fantasmâlgories, l’Arche, 2017) a fourni des armes à toute une génération d’allemands qui souhaitait rompre avec les manières de faire et d’être de leurs parents.
Comment a-t-il rencontré ses lecteurs ?
En prenant au sérieux la façon dont leurs pères, leurs mères, leurs dirigeants, s’étaient ressaisi, sous Hitler de la réalité.
En se demandant jusqu’à quel point les peurs, les désirs qui les avaient dévoré alors, continuaient d’irriguer les corps et les pensées de ceux qui étaient désormais déterminés à les combattre.
Theweleit n’est, alors qu’il entreprend son travail, ni un théoricien politique, ni un philosophe, ni un psychologue, c’est un « cultural critic », un littéraire, un spécialiste de l’image. Il procède par collage, par montage, fonctionne à l’intuition, puise dans Wilhelm Reich, Deleuze et Guattari, dans les travaux sur l’autisme de Margaret Mahler, pour élaborer un concept, celui d' »homme-soldat« . Cet « homme-soldat » c’est évidemment l’homme du fascisme. Un homme cuirassé, incapable d’aimer et de dire ses émotions, ne prenant jamais tant son pied que dans l’écrasement de l’autre – la femme, le juif, le communiste. Un homme obsédé par l’omniprésence de l’ennemi, par le pur et l’impur et l’impossible porosité des frontières, qui l’empêchent de vivre et de dormir en paix…
ça vous rappelle quelqu’un ? Un cousin, un grand-père, un chef d’état, un commentateur politique. C’est normal.
Comme elle s’intéresse aux subjectivités telles qu’elles se forment au contact du monde, comme elle s’intéresse moins à l’idéologie qu’aux affects, aux mots et façons de penser des individus, la pensée de Theweleit permet des analogies fécondes comme elle invite à l’introspection.
Mais elle peut plus : nous permettre d’envisager quels seraient les contours d’une masculinité non-fasciste, et pourquoi pas d’une politique moins tournée vers l’ennemi que vers l’amour et l’amitié.