Procès 1312 – Mutilation de Laurent : invitation au procès populaire de la police et de la justice !

Le 15 septembre 2016 sur la place de la République, Laurent Théron, syndicaliste de la santé, a eu un œil arraché par une grenade lancée par un policier anti-émeute. Les 12, 13 et 14 décembre 2022, Alexandre Mathieu sera l’un des rares policiers de l’histoire contemporaine a être jugé par une cour d’assises pour avoir mutilé un manifestant. Le procès aura lieu au Tribunal de Grande Instance (Métro cité).

Pour faire connaître ce procès, soutenir Laurent et les autres victimes de la police, un procès populaire de la police, de la justice et de l’Etat est organisé avant les audiences au tribunal.

Le 11 novembre 2022, plusieurs personnes concernées directement par les violences d’Etat, proches de personnes tuées par la police ou victimes de violences policières, pour certaines membres du réseau d’entraide vérité et justice ont fait la démonstration de la fabrique du non-lieu et de l’impunité policière (lien : https://desarmons.net/2022/11/19/proces-1312-diffusion-audio-du-contre-proces-du-11-novembre/).

Le 11 décembre de 14h à 18h, à la veille de l’ouverture du procès, il s’agira d’établir le réquisitoire contre les institutions policières et judiciaires.

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A cette occasion, une émission de radio a été réalisée le 27/10/2022 avec des membres du réseau d’Entraide, Vérité et Justice, Christian, Fatou, Mélanie et Isaac, au studio son de la Parole errante. L’entretien revient sur l’histoire des mobilisations contre les crimes racistes et sécuritaires, l’importance d’articuler combats judiciaires et luttes sociales et de faire exister le récit de celles et ceux qui font face aux violences d’Etat.

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Le hasard du calendrier a voulu qu’une audience au Tribunal administratif devait avoir lieu le jeudi 1er décembre 2022 dans le cadre du procès de l’affaire du collectif 8 juillet (l’audience a finalement été reportée le 19 janvier 2023). Le 8 juillet 2009, suite à l’expulsion d’un immeuble occupé dans le centre ville de Montreuil, la police tirait au flash-ball sur des manifestants et blessait six personnes, dont l’une très grièvement qui perdait son œil. Après de longues années de luttes, les trois policiers tireurs ont été finalement condamnés par deux fois devant le tribunal de Grande Instance, puis devant la Cour d’Appel. 13 ans après, ce long tunnel judiciaire n’est pas terminé puisque le tribunal administratif devra cette fois juger la responsabilité de l’Etat.

« Sur qui, sur quoi tire la police ?

Partir de ce qui nous est arrivé là où nous luttons, vivons, habitons, c’est la seule façon de rompre l’isolement. Isolement face aux violences et aux blessures. Isolement face à la police et à ses armes. Isolement face à la Justice.

Une instruction, un procès, ne répondent jamais aux attentes que l’on peut y investir. Sur ce terrain que l’on ne choisit jamais, où nous devrons sans cesse nous justifier (alors que ce sont eux les tireurs), il faut pouvoir faire exister les histoires des uns et des autres. Celles du passé, de toutes les familles et des comités qui se sont organisés contre les crimes de la police, comme celles du présent. Nos histoires. Nous y voyons le seul moyen de puiser de la force et une possibilité d’organisation pour les premiers concernés. A l’intérieur, mais surtout à l’extérieur des tribunaux. » Collectif 8 juillet, « Se défendre de la police », 9 juin 2013

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Actualités et mobilisations du réseau d’entraide vérité et justice https://www.facebook.com/reseauveriteetjustice

Déclaration du Réseau Entraide Vérité et Justice, dans le cadre de la journée de manifestations antiracistes du 27 novembre 2021
Compilation

Lettre d’un mutilé à son mutilateur : “Retour à l’envoyeur!”

Le 15 septembre 2016, le CRS Alexandre Mathieu lance une grenade dans la foule. Au bout de son lancer criminel, Laurent Théron, syndiqué à Sud Santé, a l’oeil crevé par un projectile de la grenade. Il perd définitivement l’usage de la vue d’un oeil.

Deux mois avant le procès du CRS, Desarmons-les publie le courrier de Laurent en réponse à une lettre que le flic lui avait envoyé. Un retour à l’envoyeur, à l’envoyeur de courrier, à l’envoyeur de grenades, qui se fait passer pour une victime, puis se justifie au lieu de présenter ses excuses, et se déresponsabilise de son propre geste.

Qu’espérait le bourreau en écrivant un courrier dicté par son avocat Laurent-Franck Lienard à sa victime ? Montrer son humanité ? Sympathiser ?

C’est raté ! 

Lettre du CRS Mathieu :

Réponse de Laurent :

Monsieur Mathieu,

Votre procès approche, alors je ressors votre courrier, que j’aurais préféré que vous ne m’écriviez jamais.

Je l’avais enterré tellement c’était gros comme une maison que cette lettre vous avait été dictée par votre avocat en vue de votre défense. Merci, ça va me permettre d’étayer mon argumentaire.

J’aurais préféré que vous ne m’écriviez jamais, car je ne trouve aucune sincérité dans votre lettre. Tout d’abord lorsque vous parlez de « blessure irréversible qui m’a été infligée ce jour-là », alors qu’il s’agit d’une MUTILATION et non « d’une blessure irréversible » ! Et ce n’est pas une blessure qui s’est infligée par elle-même, mais bien que VOUS m’avez infligé ! Le fait que vous parliez de la mutilation comme un acte extérieur à votre action, démontre que vous n’en mesurez ni la gravité, ni n’en prenez pas la responsabilité, démontre donc que vous ne vous sentez pas responsable ; où est alors votre sincérité ?

Je ne lis que suite d’excuses où vous cherchez à vous déchargez personnellement : « rien ne s’est passé normalement », « la faute d’individus d’une rare violence » (3 paragraphes de suite !), « nous étions là pour escorter les manifestants, pour les protéger, car plusieurs menaces pesaient sur le cortège dans lequel vous vous trouviez », « état urgence car une menace terroriste planait ».

Au final la seule menace c’est vous !
Comment osez-vous dire « rien ne s’est passé normalement » ?!
Vous faites la victime ?
Oui, faute à des individus d’une rare violence dont VOUS faites partie.
Donc arrêtez de nous protéger si c’est pour lancer des grenades sur ceux que vous prétendez protéger !
Vous prenez le prétexte de la lutte contre le terrorisme ?! Et au final c’est vous qui jetez des explosifs dans la foule !
En cela c’est insupportable, vous vous faites passez pour une victime, alors que vous êtes l’agresseur !

Ensuite vous précisez que je me trouvais sur votre gauche, et le groupe « menaçant et violent » se trouvait à droite, et c’est sur moi, donc à gauche que vous lancez cette grenade ?!
Mais on comprend mieux pourquoi vous n’êtes pas habilité à utiliser cette arme !
De plus c’est une nouvelle excuse, l’enquête a démontré qu’il n’y avait aucune menace à ce moment précis.

Puis vous dite « être triste que cette grenade m’ait blessé accidentellement » ? Mais qui a lancé cette grenade ? C’est vous ! Mais qui vous a demandé de la lancer ? Personne ! Quelle raison vous aurait incité à la lancer ? Aucune !

Quoi de plus normal au final de mutiler quelqu’un en lançant une grenade de désencerclement en mode offensif, au milieu de la foule, sur un lancer « en cloche ». Ce n’est donc pas « une grenade qui m’a blessé accidentellement » mais bien vous qui avez lancé une grenade, sans nécessité, sans ordre, sans habilitation et qui m’avez mutilé à vie.
Vous ne faites pas face à vos responsabilités, vous les fuyez, mais la réalité est là, vous êtes le coupable de mon infirmité.

Et oui je n’accepte pas vos excuses, car tout ce que je peux lire ce n’est pas une lettre d’excuse mais une personne qui se cherche des excuses !
Ou est votre prétendu honneur ?
Si vous aviez eu le sens de l’honneur vous auriez présentez votre démission depuis longtemps.

Je n’accepterais vos excuses que le jour où vous serez capable de reconnaitre l’entière responsabilité de vos actes, et que vous ferez face à votre culpabilité en reconnaissant vos erreurs.

Je n’apprécie pas votre courrier au point que je n’y vois aucune sincérité, vous réinventez une histoire, pire vous vous racontez des histoires.
C’est un écrit pour soi-disant montrer votre humanité, mais qui en réalité n’est qu’une pièce au dossier, dossier tellement chargé à votre encontre.

Je vous prie donc de ne plus jamais m’écrire.

THERON Laurent

 

Publié le 23 octobre 2022 dans Textes