L’inclusion et l’exclusion : le paradoxe de la «capture du dehors»
La quatrième séance du séminaire « La division politique » aura lieu mardi prochain, le 14 février.
Elle sera prise en charge par Élise Gonthier-Gignac et a pour titre : « L’inclusion et l’exclusion : le paradoxe de la « capture du dehors » ».
Cette intervention s’inscrit dans la continuité d’une réflexion engagée l’an dernier autour du motif de la « capture du dehors », que nous avions dégagé de l’étude croisée de modes d’accumulations capitalistes décrits par Silvia Federici, David Harvey, Jason W. Moore et Anna Tsing. Nous avions vu que, ne relevant pas de la production proprement dite et partageant plusieurs traits avec la « prétendue accumulation initiale » décrite par Marx, la « capture du dehors » manifeste la capacité du capitalisme à se nourrir de ce qu’il constitue comme son « autre ». Un tel mouvement de capture implique dans cette mesure des opérations simultanées et apparemment contradictoires d’exclusion et d’inclusion.
C’est sur cette tension paradoxale entre exclusion et inclusion que nous allons cette fois nous concentrer. Pour ce faire, nous nous tournerons vers un corpus qui focalise son attention sur les vies précaires ou « surnuméraires » non intégrées à l’économie formelle, qui ne bénéficient ni des droits ni des protections juridiques attachés à la figure déclinante du « travailleur-citoyen ». Comment comprendre leurs situations ? Et quel statut attribuer au « dehors » d’un point de vue politique ? Ces questions trouvent des réponses très différentes chez Mike Davis et Veronica Gago, par exemple, selon qu’ils insistent davantage sur l’abandon dont se rend coupable l’État ou bien sur la vitalité populaire que le néolibéralisme tente de s’assujettir. Opposées dans les stratégies critiques qu’elles mettent en œuvre, ces approches rendent pourtant respectivement compte de réalités qui ne peuvent absolument pas être évacuées et dont l’articulation pose un défi à la pensée politique. La critique de la notion d’exclusion formulée dès 1973 par Michel Foucault, le concept d’« inclusion différentielle » élaboré par Étienne Balibar, ou encore la réflexion de Jean-Luc Nancy sur l’abandon, reprise par Giorgio Agamben pour décrire la « relation d’exception », peuvent être lus comme autant de réponses apportées à ce problème.
Cette séance du séminaire aura lieu comme d’habitude à la Parole errante à Montreuil (9 rue François Debergue, salle de la MER) à 18 h 30. Les séances sont libres d’accès et vous pouvez venir ponctuellement ou régulièrement, même sans avoir suivi les séances précédentes.
Nous allons privilégier les échanges en présence, mais un lien visio pourra être envoyé sur demande à celles et ceux qui nous suivent de loin (pour recevoir le lien, merci de nous écrire à cette adresse : divisionpolitique[at]proton.me).