Café-librairie Michèle Firk – Second communiqué sur quelques vandalismes douteux

Que dire ? Au matin du 31 août, des affiches signées d’un mystérieux « Groupement Père Duchêne » couvrent la vitrine du café-librairie Michèle Firk : « Stop fascisme intersectionnel lors des rassemblements anti-autoritaires – Saint-Imier 19-23 juillet 2023 -On n’oublie pas, on ne pardonne pas ».

Les individus qui s’en sont pris aux livres des étagères féministes, queers, et décoloniales de la librairie persistent et signent. Ces individus mystères sont lancés dans une campagne contre ce qu’ils appellent le « fascisme intersectionnel« . Ils ne pardonnent et n’oublient pas des querelles lors des rencontres internationales anarchiste à Saint-Imier en juillet dernier (dont on peut trouver un récit ici: https://renverse.co/infos-locales/article/ria-2023-livres-islamophobes-action-directe-et-evacuation-de-la-critique-4111).

Nous précisons qu’aucun-e membre du collectif du café-librairie n’était à Saint-Imier, la Suisse étant bien trop chère pour nous.  Cela dit, l’expression « fascisme intersectionnel » en dit assez sur les esprits confus qui s’acharnent à nous nuire et le revendiquent. Il est probable qu’ils n’aient effectivement plus leur place à des rencontres anti-autoritaires, ils devraient se faire oublier. Le  « groupement Père Duchêne » redouble le racisme islamophobe et le sexisme transphobe ambiants. Le fascisme ici n’est pas dans l’atteinte faîte aux sacro-saints livres ou à la culture. Il s’affirme dans l’amalgame confus qui, par un retournement typique des discours d’extrême-droite, fait des luttes et perspectives minorisées la cause même du racisme et du sexisme, ou plus largement des impasses politiques actuelles.

Nous n’oublierons pas cette confusion, et ce qu’elle dit de tout ce qu’ils se refusent à voir et entendre.  Ils nous font tout au plus perdre bien du temps, des livres et des fonds collectifs. Le café-librairie Michèle Firk fait partie de la Parole Errante Demain, qui, depuis 2016, lutte pour imposer au propriétaire légal des murs, Conseil Départemental, des suites pour l’ensemble du lieu. Nous avons bien d’autres ennemis, ainsi que d’autres priorités, que la gestion des conséquences de ces petits actes minables.

Nous remercions toustes les habitué.es, usager.es du lieu, maisons d’éditions, collectifs, camarades et ami.es de/pour leur soutien. Après la soirée frites de ce soir, la librairie réouvrira ces portes mercredi. Nous sommes heureux.ses de vous retrouver et n’hésitez pas à venir nous voir pour un café, une discussion ou un livre ! 

Vous pouvez nous aider via notre appel à dons habituel:  
https://www.helloasso.com/associations/cafe-librairie-michele-firk.

Depuis le 18 août 2023, nous avons reçu 1800 euros en soutien! Nous remercions énormément les personnes qui nous ont ainsi aidé et nous réjouissons de les voir bientôt au café-librairie! C’est une aide immense pour que nous puissions continuer nos activités!

La meilleure façon de soutenir, c’est encore de venir! Du mercredi au samedi de 14h à 19h!

Écrivez-nous si vous voulez commander un livre qui vous attendra sur place: michelefirk@riseup.net

Quelques-uns des livres aspergés d’huile

Premier communiqué

Le local du café librairie Michèle Firk a été partiellement saccagé dans la nuit du 16 au 17 août. Nous avons trouvé notre porte fracturée au matin du 17 août alors que nous préparions la réouverture de la rentrée. Les personnes qui sont rentrées ont manifesté leur hostilité avec de l’huile et de l’encre. Les rayons féministes, questions queer et luttes décoloniales, avec quelques tables de livres divers en plus, on été aspergés d’huile de friture (qui tâche sans retour le papier). Un tag « sales fachos » orne le comptoir, un autre « marre des fafs identitaires » marque le carrelage. Beaucoup de livres et d’étagères sont abîmés, sans doute pour quelques milliers d’euros en tout. C’est bien la première fois que cela arrive depuis la création de cet espace collectif et associatif en 2012. Voilà que nous sommes vandalisé·es par des réactionnaires ou apparentés !

Nous sommes en effet, pour rappel, depuis 2012 un local associatif, autogéré par ses usagers et usagères, ouvert à tous et toutes du mercredi au samedi de 14h à 19h. Le reste du temps, nous participons de ce lieu plus vaste qu’est la Parole Errante Demain qui accueille le café-librairie et bien d’autres collectifs (https://laparoleerrantedemain.org/). La  grande salle de la Parole Errante accueille régulièrement des fêtes, des soirées de soutien, des Assemblées Générales, des répétitions, des discussions collectives et des formes diverses de solidarité locales et internationales. L’an passé, nous avons, par exemple, accueilli le festival des Peuples Veulent et plus tard les collectes en solidarité à la Syrie de Paris Response et la Cantine Syrienne suite aux tremblements de Terre. Nous avons également accueilli début juin un grand weekend international en mémoire du militant antifasciste Clément Méric, en mai les 20 ans du journal CQFD, en avril un salon du livre queer et féministe, un salon du livre anticolonial en mars, la fête du collectif audiovisuel Synaps, la liste est longue. Dans la librairie, nous accueillons plusieurs rencontres par mois ouvertes à tout le monde, de Leopoldina Fortunati à Rébecca Chaillon en passant par Mark Fisher et des arpentages divers.

Chaque fois les bénéfices servent à la vie des lieux, dont les murs appartiennent au Conseil Départemental de Seine-Saint-Denis auprès de qui nous sommes en négociation depuis 2016 pour obtenir un bail en bonne et due forme afin d’imposer des suites à la Parole Errante fondée par Armand Gatti, Hélène Châtelain et bien d’autres en 1997.

Si de tels actes d’hostilités envers notre café-librairie sont anecdotiques dans les circonstances de répressions policières, de défaites du mouvement social, de renforcement des frontières et de multiplication des discours racistes, nous trouvons cette attaque minable et pathétique. Loin de nous l’idée que le vandalisme soit nécessairement stupide, mais on ne peut négliger pour autant les circonstances et les raisons de tels gestes. Certains devraient plutôt se demander pour qui et pour quel monde ils travaillent quand ils aspergent des livres sur l’histoire des luttes décoloniales en brandissant des slogans confus et dangereux. Les auteurs de ces tags affirment leur propre racisme, leur sexisme, leur transphobie.

Nous restons du reste abasourdi·es de tant de bêtises. Si ce n’était pas triste, il suffirait d’en rire. Cela ne va rien changer aux questions qu’on veut discuter, aux luttes qu’on veut défendre, aux personnes qu’on veut accueillir et rencontrer, bien au contraire. Nous aurions par contre bien mieux à faire que nettoyer ces dégâts absurdes.

D’autres locaux militants en région parisienne sont parfois attaqués, cela ne nous semble pas des pratiques défendables et encore moins des occasions de discuter des désaccords éventuels. Cela participe plutôt de ce qui rend trop souvent la fréquentation desdits milieux politiques peu désirable à priori. Ce n’est absolument pas ce que nous construisons au café-librairie Michèle Firk depuis des années.

Nous paierons les livres abîmés à leurs éditeurs et proposerons vite des événements pour discuter, se rencontrer, s’organiser autour d’un café ou d’un livre. Nous remercions tous·tes les habitué·es, usager·es du lieu, maisons d’éditions, collectifs, camarades et ami·es de leur soutien.  

Vous pouvez nous aider via notre appel à dons habituel :  https://www.helloasso.com/associations/cafe-librairie-michele-firk.

 

Publié le 3 septembre 2023 dans Textes